X

Le juge Ti découvre l’immense fortune d’un miséreux ; il affronte la nombreuse parentèle d’un célibataire endurci.

 

 

On s’activait autour du vieillard inanimé. M. Radis prit l’événement comme une grâce divine. C’était l’occasion d’expérimenter ses premières connaissances en médecine chinoise. Il déclara qu’il allait sauver le vieil homme et s’en approcha avec l’assurance d’un héros de légende. Sous le regard extatique de ses compagnons, il se mit à le gifler, à le secouer, à lui presser la poitrine pour y faire entrer de l’air à toute force. Pareil manque de respect envers un malade à cheveux blancs figea d’horreur les témoins du drame : ils voyaient une espèce de sorcière musclée, hirsute, au maquillage dégoulinant, en train de molester à tour de bras une innocente victime. Le mandarin fronça le sourcil. Si ce traitement ne tirait pas le patient de sa léthargie, le pronostic ne pouvait être bon. Il mit fin aux exactions du Wo avant que quelqu’un n’aille quérir la milice et prit le pouls du moribond.

Lu Wenfu était catastrophé. La notion d’intention n’existait pas dans le code des Tang. Causer un décès, fût-ce par le rire, était assimilé à un meurtre.

— Sauvez-le ! Sauvez-le ! hurla-t-il dans les oreilles du mandarin.

— Comment, « sauvez-le » ? Il n’y a plus que les prêtres qui puissent quelque chose pour ce malheureux !

Ce fut à M. Grain-de-riz de connaître le paroxysme de l’excitation. Il avait hâte de mettre en pratique son apprentissage des rites funéraires. Il tenait à assister les sorciers, bonzes et chamans qui prodigueraient à ce défunt providentiel les bénédictions de rigueur. Les voisins de M. Ma l’avertirent qu’on ne ferait pas de frais pour un miséreux sans parents ni fortune. Au comble de la félicité, l’étudiant en théologie annonça qu’il accomplirait lui-même toutes les opérations sans honoraires. L’assistance s’accorda pour penser que la présence de l’étranger était un bienfait pour M. Ma.

Soulagé de voir que la milice n’avait pas encore surgi, glaive au poing, Lu Wenfu les exhorta à se hâter. L’un des Wo saisit le cadavre par les pieds, un autre par les bras, et l’on suivit une petite servante jusqu’à la soupente que M. Ma occupait à l’arrière d’un restaurant de nouilles.

M. Grain-de-riz était nerveux comme un candidat à l’examen de licence. Il se renseigna tout d’abord sur les convictions religieuses du disparu : ferait-on une cérémonie bouddhiste complète ou insisterait-on sur les purifications taoïstes ? Quelles étaient ses principales vertus, qu’il convenait d’exalter devant les juges de l’au-delà ?

— Oh, vous savez, répondit la fille d’auberge, un vieux qui hante un quartier de femmes fleurs ne saurait être un modèle de piété.

M. Grain-de-riz comprit l’allusion : son client était un indécrottable libidineux, voué tout entier à la contemplation des créatures qui s’ébattaient autour de lui. Cet aspect des choses ne lui facilitait pas la tâche, mais il se sentait de taille à relever tous les défis. Afin de préparer les offrandes compensatoires appropriées, il envoya la jeune fille acheter du papier jaune, sur lequel le calligraphe du groupe fut prié de tracer les caractères adéquats. Il disposa devant lui les accessoires qu’il avait pu réunir et répéta mentalement l’ordre des opérations.

— Moi oublie quelque chose.

— La toilette mortuaire, lui souffla le juge Ti.

Bien que n’ayant jamais étudié ces questions, il avait suivi suffisamment de funérailles pour en être familier.

— Ah ! Oui ! Nettoyage ! répéta M. Grain-de-riz.

Il convenait de vêtir le mort de linge écru. Les vieilles personnes en conservaient en général au moins un prêt à servir. La fouille du petit logement mit au jour une masse de vieilleries assez crasseuses. Il fallut allumer une lanterne pour se repérer dans ce capharnaüm.

Lorsqu’il leva le nez du tas qu’il venait de retourner, Ti se trouva face à une effigie de taille humaine de la déesse de la fortune, couverte de bijoux rutilants, à savoir M. Chou au cou de qui pendaient plusieurs lourds colliers de pierres précieuses ; chacun de ses doigts était orné de bagues, des épingles en or étaient piquées dans sa perruque, de grosses perles pendaient à ses oreilles. Les deux mandarins le contemplèrent avec stupéfaction.

— Où avez-vous trouvé ça, vous ? s’écria le juge.

M. Chou indiqua un coffret ouvert, au fond de la mansarde. Quand on approcha la lanterne, le contenu se mit à scintiller. On en retira de magnifiques pièces de jade richement enchâssées, que M. Piment, l’artisan du groupe, examina avec des yeux ronds. Ces Chinois se révélaient infiniment plus riches que prévu.

— Si clochards porter ça, quoi porter impératrice ?

La petite servante s’enfuit à toutes jambes, comme s’ils avaient réveillé le gardien du pic de l’Est mangeur de têtes humaines.

Des chaînes en or plein les mains, Lu Wenfu était tétanisé. La petite excursion des visiteurs d’État se changeait en cauchemar de chaque instant.

— Seigneur juge, parvint-il à articuler, il y en a ici pour quelque six cent mille taëls, à vue de nez. Vingt ans d’émoluments de hauts fonctionnaires tels que nous !

— Vingt-cinq, en ce qui me concerne. Je suis moins bien payé que vous, rectifia le mandarin.

Dans leur désir d’accomplir un geste de piété envers un pauvre hère, ils avaient pénétré dans l’antre d’un chef de brigands. Le secrétaire Lu laissa les joyaux glisser de ses doigts alors que cette évidence l’assommait.

— Comment ce vieux a-t-il pu dérober de si beaux bijoux et passer inaperçu ?

Ti observa plusieurs pièces à la lueur de la lampe. Elles portaient une marque de fabrique identique, elles étaient donc l’œuvre d’une même main ou d’un même atelier.

Quand Lu Wenfu eut repris ses esprits, il confisqua tout ce qui brillait sur les Wo, enfouit tout cela dans le coffret, le coinça fermement sous son bras et poussa tout le monde hors de ce repaire de malfrats où ils n’auraient jamais dû mettre les pieds. Il convenait à présent de quitter les lieux avec toute la discrétion possible et de reconduire les barbares à leur enclos, après avoir déposé au passage le butin au poste de garde le plus proche.

Son plan fut contrarié d’emblée. Une foule dense les attendait devant le restaurant de nouilles. Il y avait là un mélange de courtisanes, de cuisiniers, de musiciens, enfin un large échantillon ce que le hameau du nord comptait de personnel, et sans doute le tiers de sa population en tout.

— M. Ma a rejoint la terre des bienheureux, annonça M. Lu avec une mine qui se voulait apitoyée.

La petite servante désigna le coffret qu’il tentait de dissimuler dans sa manche.

— Il a le magot !

Bien que le récit mirifique qu’elle venait de leur faire ne les eût pas vraiment convaincus, les gens du coin n’étaient pas disposés à bouger avant d’en avoir eu le cœur net. Il fallut leur montrer le contenu de la boîte.

L’apparition de Lei Kung, le seigneur du tonnerre, n’eût pas causé plus grand émoi. Le cercle des badauds se resserra. Les commentaires fusèrent de toutes parts. Tout le monde voulait toucher le trésor de ses propres mains.

Ti s’en empara et déclara qu’il le mettait sous séquestre en attendant de le rendre aux héritiers légitimes.

— Il n’y en a pas ! cria un robuste gardien de maison close à la face balafrée.

— Il me devait son loyer ! dit la propriétaire du restaurant de nouilles, qui accordait subitement une immense valeur à son vilain gourbi.

Il apparut que ce quasi-mendiant devait des fortunes de tous côtés. Le montant de ses dettes augmentait à chaque instant. Il n’était plus temps de protéger leur anonymat.

— Je suis le directeur de la police civile métropolitaine ! clama Ti de sa voix la plus sonore. Inclinez-vous et laissez-nous passer !

Le mot « police » suscitait toujours une certaine crainte dans ces lieux interlopes, où chacun avait déjà eu affaire au moins une fois à la douceur et au tact des gardes de l’Oiseau pourpre. Ti profita du flottement pour décréter que le trésor appartenait à la famille Ma ; les créanciers s’arrangeraient avec elle. En l’absence d’héritiers, ils devraient présenter à l’administration des factures en bonne et due forme. Le reliquat tomberait dans l’escarcelle de l’État, ainsi que le prévoyait la loi.

Ce discours plongea les habitants dans de profondes réflexions. Ti et son aréopage en profitèrent pour échapper à la populace. Le moment était venu de déguster un petit remontant bien mérité.

Ils retournèrent à la maison de rendez-vous, la cassette sous le bras de Ti. Tandis que les Wo rendaient robes et perruques, le mandarin se fit servir à boire. Avec un bon coussin, la boîte à bijoux faisait un siège tout à fait correct.

Ti demanda à Lu Wenfu s’il ne voulait pas en profiter pour faire plus ample connaissance avec les pensionnaires :

— Vous avez les moyens, avec vos trente mille taëls par an…

Le secrétaire n’avait pas la tête à la bagatelle. Il commanda un assortiment des eaux-de-vie à base de riz ou de sorgho proposées par l’établissement. Ces émotions l’avaient remué.

On ne revit pas tout de suite les Wo, qui s’étaient éparpillés à travers les alcôves. Ti demeura dans la grande salle en compagnie de ceux que cette étude-là ne passionnait pas. M. Grain-de-riz, qui préservait son énergie et sa pureté pour la pratique des religions, s’initia au jeu de weiki[8] avec M. Chou, l’amateur d’ombrelles et de belles robes. Ti se dit qu’avec un petit bol de vin tiède à la main et une cassette royale sous le postérieur que la pause n’était pas désagréable.

Il ne s’écoula pas beaucoup de temps avant qu’il ne dût recevoir les doléances des habitants, appâtés par le butin situé sous ses fesses.

— Noble juge, annonça le chef d’îlot, les parents de grand-père Ma sont arrivés.

Ti en aperçut toute une foule qui faisait la queue devant la maison. La nouvelle de l’héritage fabuleux avait attiré tout ce que les alentours comptaient de Ma. Puisqu’il était coincé dans ce salon en attendant de récupérer ses Wo, Ti vit là un divertissement comme un autre.

Le plus prompt à surgir devant le magistrat se nommait Ma Sen-Hwei, peintre de palanquins de son état et neveu autoproclamé du disparu. Il s’agenouilla avec humilité devant le mandarin que les dieux avaient envoyé pour faire sa fortune.

— Je supplie Votre Excellence de ne pas spolier une famille déjà éprouvée par un deuil cruel !

Oncle Ma avait souvent fait allusion aux biens qu’il conservait intacts pour les léguer à ses chers neveux, afin qu’ils aient soin de perpétuer son culte sur l’autel familial.

Sans bouger de son siège, Ti pria le fabricant de lui indiquer l’origine du magot : en l’absence de réponse circonstanciée, l’État considérerait qu’il s’agissait du produit de vols en réunion ; toute la parentèle serait vouée aux mines de sel.

M. Ma bredouilla qu’à mieux y réfléchir il s’était trompé sur le prénom. Ce vieil oncle Ma n’était pas le sien. Il souhaita à Son Excellence d’attraper les brigands et considéra les autres postulants d’un œil circonspect en s’en allant.

La demoiselle Bourgeon-de-cerisier se présenta toute coiffée et parée pour la soirée. C’était une courtisane d’âge bien mûr, aux formes appétissantes, dont le maintien de fillette dénotait une longue pratique. Elle assura en minaudant que le cher vieillard, qui l’adorait depuis toujours, l’avait épousée en secret ; les bijoux constituaient sa dot. Ti fut enchanté de rencontrer la reine des cieux aux mille étoiles chatoyantes. Il se souleva et saisit le coffret, qu’il lui suffit d’ouvrir pour anéantir les illusions de la prétendue veuve. Au premier coup d’œil au monceau de joyaux, elle tomba à la renverse, de tout son long, sur le plancher, avec un grand bruit mat.

— Au suivant ! cria le juge comme deux serviteurs emportaient la dame évanouie.

Ma Jhong-Shun, un écrivain public qui vendait des poèmes à la criée, se prosterna devant le magistrat.

— Votre Excellence ne doit pas croire les menteurs qui se disent les descendants de l’illustre M. Ma ! Il n’était pas marié et n’a jamais eu d’enfant !

Ti se demanda ce que voulait cet homme, dans ce cas.

Ma Jhong-Shun était le fils adoptif du vieillard. Il se faisait fort de présenter le contrat d’adoption le lendemain.

« Dès que l’encre aura séché », supposa Ti. Le mandarin tira de sa manche un bout de papier qu’il fit mine de lire.

— Je vois que tu dis la vérité. Cette lettre du défunt fait en effet mention d’un fils adoptif cher à son cœur.

Ma Jhong-Shun était aux anges.

Il descendit de son nuage en apprenant que le disparu priait son cher fils de réaliser son vœu le plus cher : s’engager dans l’armée du Nord, qui guerroyait contre les hordes sanguinaires, ou, à défaut, chez les eunuques du palais, afin de perpétuer l’antique tradition familiale qui consistait à ne pas procréer d’enfants et à servir l’État. Il apparut que ces dernières volontés débordaient de beaucoup la piété filiale ou la convoitise dont était animé l’imprudent Jhong-Shun.

Ti rangea au fond de sa manche la liste des commissions confiée par sa Première et passa au suivant. La publicité que fit Ma Jhong-Shun à cette clause allégea d’emblée la file d’attente de la moitié des postulants.

Elle ne découragea pas les servants du temple local, persuadés que ces exigences anatomiques ne s’appliquaient pas aux hommes de foi. Les trois tondus en robe safran affirmèrent que le vieux Ma avait juré sur les lois universelles du Dharma de leur offrir le produit de toute une vie d’ascèse et d’humilité conforme aux préceptes de l’Éveillé. Ti écouta patiemment leur beau discours, qui n’était pas une publicité en faveur de leur culte. Voilà qui le confirmait dans sa méfiance à l’égard de cette engeance. Trop de cadets arrivistes rejoignaient leurs rangs pour parvenir, s’enrichir, distribuer des leçons de morale et obtenir des prébendes. Au moins n’avait-on jamais vu Confucius s’imposer de façon aussi vulgaire dans les cercles du pouvoir.

Après s’être incliné avec respect, Ti assura qu’il n’avait garde de s’opposer aux desseins d’un défunt illuminé par une aura de sainteté. Il avait bien remarqué que le vœu de pauvreté de leur clergé n’était nullement incompatible avec les dons substantiels et les legs somptuaires. D’ailleurs, les bonzes de la Cour l’avaient déjà prié de leur confier les joyaux. C’était sans nul doute pour avoir le plaisir de les remettre en mains propres à ses interlocuteurs.

Chassés par cette leçon de pragmatisme confucéen, les moines se retirèrent en maudissant leurs coreligionnaires plus habiles et plus intrigants qu’eux-mêmes.

Ti se rappela l’anecdote de ce roi qui avait fait exécuter tous ses sujets du nom de Yuan. Il en aurait bien usé de même avec les Ma. Ceux-ci continuaient d’affluer des quartiers avoisinants, à mesure que la nouvelle se répandait. Les plus futés réclamèrent seulement le cadavre pour lui prodiguer les honneurs dus à un parent décédé.

— Personne n’aura ce corps tant que nous n’aurons pas établi de quelle horrible maladie contagieuse il était atteint ! clama Ti, ce qui contribua beaucoup à réduire le nombre des enquiquineurs.

Un petit groupe de gens qui portaient le vêtement simple et terne des artisans poussa en avant un homme d’une petite trentaine d’années. Tandis que les autres le guettaient depuis la porte, Ma Wei-Kang s’agenouilla.

— Toi aussi, tu viens chercher les sous du saint ermite qui végétait sur un tas d’or ? demanda Ti.

Le postulant avait le visage fermé de celui qu’on force à une démarche déplaisante.

— Ceux qui ont dressé ce portrait auront menti, noble juge, répondit-il sans lever la tête. Ce Ma était un vieux bonhomme sale, revêche et alcoolique. Il a eu le front, un jour, de prétendre qu’il était mon père. Ma belle-famille veut que je réclame l’héritage parce que je n’ai rien et que je suis un poids pour eux.

Ti resta pensif. Soit celui-là avait en effet des droits sur la succession, soit c’était le pire imbécile du lot. Ceux qui l’avaient traîné ici jugèrent urgent d’intervenir. Un couple d’un âge certain s’agenouilla à côté de lui. Ils exhortèrent le magistrat à ne pas prêter attention au discours maladroit d’un demeuré dont les piètres facultés mentales avaient été ébranlées par cette terrible perte. Ils le prièrent de bien vouloir écarter les charognards massés dans la rue, « afin qu’on puisse s’arranger entre gens qui se comprennent ».

Ti comprit si bien qu’il les fit tous jeter dehors.

Il avait eu sa dose de mensonges pour la journée. L’après-midi n’était pas encore trop avancé, il avait le temps d’aller se renseigner dans les joailleries. Peut-être lui dirait-on, là-bas, si les bijoux avaient été volés.

Les orfèvres avaient leur commerce dans le marché de l’est, tout près de là. Il convenait néanmoins de se dépêcher : les bazars fermaient une heure trois quarts avant le crépuscule. Tous ces charmants amusements avaient duré longtemps et on était en hiver.

Les Wo faisaient de brèves apparitions dans le salon pour échanger leurs impressions. M. Concombre, le garçon à la belle figure, semblait très en faveur auprès de ces demoiselles. Ce succès rendit Ti suspicieux.

— Quelle partie du tao étudie-t-il, exactement ?

— Lui étudier femmes ! répondirent les autres en chœur.

— Chine grande civilisation ! déclara M. Champignon-noir.

— Vous inventé brouette cantonaise ! renchérit M. Citrouille.

Ti enrôla M. Piment, l’artisan, pour une séance d’initiation aux travaux d’orfèvrerie. Il laissa le soin au secrétaire Lu de reconduire les autres. Il fallut le secouer. « Voilà l’effet de l’imprévu sur un paisible fonctionnaire », se dit Ti. Quand il saisit son coffret à bijoux, M. Lu tenta de s’y agripper, avant de retomber avec lourdeur sur le sofa. Il était rond comme un litchi.

« C’est fou le nombre de problèmes que certaines personnes peuvent vous causer rien qu’en mourant », constata le magistrat.

 

Diplomatie en Kimono
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